Cérémonie du Souvenir en mémoire des Déportés et des Victimes de la Shoah

Comme le veut la tradition, la synagogue de la Victoire a accueilli la cérémonie religieuse du Souvenir. Instituée par le Rabbinat français depuis septembre 1946, elle permet aux familles endeuillées de réciter le Kaddish pour leurs disparus. Dans le calendrier ashkénaze, elle a traditionnellement lieu le dimanche, premier jour des Selihot, (supplications), qui précède Roch Hachana, cette année, le 22 septembre.

 

Cette cérémonie qui est retransmise en direct par France2, présente, depuis 2018, un caractère très émouvant. En effet, d’année en année, les rescapés survivants sont de moins en moins nombreux et leur précieux témoignage doit être, progressivement, repris par leurs descendants.

 

La cérémonie de cette année a été conçue autour des témoignages de trois survivants de l’Holocauste. Ginette Kolinka qui a enregistré le calvaire de sa déportation, les humiliations, les coups, la crasse, les travaux forcés, la disparition des siens. Puis après la Libération son combat auprès des jeunes pour la tolérance, contre la haine.

 

Ensuite ce fut au tour de notre amie Léa Rohatyn qui, du haut de la chaire, a retracé dans une grande émotion son arrestation en janvier 1944 et celle de ses parents et de ses douze frères et sœurs, leur trajet depuis Reims, jusqu’à Drancy, puis l’extermination à Birkenau de tous à l’exception de sa sœur et d’elle-même. Mais surtout, elle nous a transmis son message de reconstruction avec cette force incroyable de transmission à ses enfants, petits-enfants qui l’anime depuis qu’elle a pris conscience de l’importance de son témoignage pour les jeunes générations.

 

Après que Elie Buzyn ait remis le rouleau de la Torah à un de ses petits-fils, Eytan Dahan-Buzyn, c’est Simon, le frère d’Eytan qui va faire le récit de la déportation de son grand-père en lisant des extraits de son dernier livre « Ce que je voudrais transmettre. Lettre aux jeunes générations ». Mais Elie Buzyn exprime surtout, comment, lors d’un voyage à Auschwitz avec son fils et d’anciens déportés, il a pris la décision, après des décennies de silence, de témoigner pour transmettre, car bientôt il n’y aura plus de témoins directs.

 

L‘office religieux s’est déroulé en présence de plus de 600 personnes, au premier rang desquelles le Président du Sénat, Gérard Larcher et le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. De nombreux ministres ou anciens ministres, comme Benjamin Griveaux, ainsi que les ambassadeurs des Etats-Unis, de Russie, d’Allemagne, de Hongrie, d’Italie et évidemment d’Israël étaient présents ou représentés.

 

Autour de la Présidente du Conseil Régional d’Ile de France, Valérie Pécresse, la représentante du Préfet de Police, le Préfet de la Région Ile-de-France, et le Préfet délégué à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, assistaient aussi à cette cérémonie, de très nombreux  parlementaires, des maires d’arrondissements de Paris ou de la Région parisienne, en particulier la Maire du IXème, Delphine Bürkli , du IIIème Pierre Aidenbaum et du VIIIème Jeanne d’Hautesserre ainsi que les dirigeants de grandes institutions juives, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Organisation Sioniste Mondiale, Serge Klarsfeld pour les Fils et Filles de Déportés, le FSJU, le Keren Hayessod et Alliance Israélite Universelle, ainsi que le Président du CRIF Francis Kalifat.

 

Monseigneur Thibault Verny, Archevêque auxiliaire qui représentait l’Archevêque de Paris, Monseigneur Michel Aupetit, côtoyait le Président de la Fédération Protestante de France, François Clavairoly et les représentants du culte musulman.

 

Rythmée par les prises de paroles du Président du Consistoire, Joël Mergui qui a rappelé le devoir de vigilance des juifs de France auprès des acteurs de la vie politique pour pérenniser deux mille ans d’une culture du respect et de l’amour de la paix, ainsi que du Grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim, et du Grand rabbin de France, Haïm Korsia, cette cérémonie a été conçue pour donner une large place aux enfants, lors de l’allumage des 6 bougies en mémoire des 6 millions de victimes juives, accompagné par la chorale des enfants, le chœur de la Victoire, une très jeune flutiste et de jeunes violonistes qui ont interprété un air traditionnel Yiddish.

 


Mais les moments les plus émouvants ont été donnés, tout au long de la cérémonie par la lecture par six enfants de lettres ou de textes écrits par d’anciens déportés qui nous ont quittés au cours de douze derniers mois et dont le Yahrzeit a été en quelque sorte ainsi célébré, Ida Grinspan, Maxi Librati, Aharon Appelfeld, Addy Fuchs ainsi que Marceline Loridan-Ivens. Ancien résistant, même s’il n’a pas été déporté, nous nous devions de célébrer la mémoire de Claude Lanzmann disparu en juillet 2019 dont le film, monument de la mémoire, « Shoah » a su réveiller toutes les consciences. Ces lectures par de jeunes adolescents a donné tout son sens à la perpétuation de la mémoire voulue par les réalisateurs de la cérémonie, produite cette année par Steve Suissa, et accompagnée par la voix off de Sandrine Szwarc.

 

La chorale du Talmud Torah de la Victoire, remarquable dans l’interprétation du « Petit grenier » d’Anne Sylvestre et les chœurs de la Grande synagogue ont accompagné notre très émouvant officiant, Aron Hayoun, et le rabbin Moshé Sebbag dans la conduite de la cérémonie.

 

Voir ou revoir la cérémonie sur France 2

© Photos Alain Azria