Campus Next Door du Consistoire de Paris

10-12 juin 2022 à Etiolles

Toutes les conditions étaient réunies pour assurer le succès de ce grand rendez-vous annuel du Consistoire de Paris après 2 années d’interruption due à la pandémie : un équipement hôtelier et un cadre verdoyant aux allures de camps de vacances… mais à usage surtout laborieux, un effectif de participants qui affiche complet, dont une part importante de jeunes militants de moins de 26 ans, un programme d’activités intensif mêlant la réflexion et l’action, des intervenants de qualité sur une gamme de sujets variés et parfois pointus : divré-torah, études sociologiques, culture, pensée juive, techniques de communication, de transmission et d’encadrement, actualité politique, etc., sujets qui s’articulaient tous autour du thème général du week-end, à savoir « La relance des activités communautaires et l’Action jeunesse ».

Plusieurs dirigeants communautaires, administrateurs, rabbins, chefs de service, sont venus se retrouver pour parler de l’avenir du Consistoire de Paris et surtout, lancer la formation d’un nouveau leadership avec la présence nombreuse des jeunes du mouvement Tikvaténou et du Centre des étudiants Edmond Fleg.

Comme l’a rappelé le Président Joël Mergui en clôture de ce séminaire, l’invité d’honneur de ce Campus était « la jeunesse » : le pari est réussi car plusieurs des jeunes présents ont bien manifesté leur envie de s’investir pleinement et de prendre des responsabilités communautaires !

Parmi les séquences particulièrement appréciées du public, il y eu bien sûr les enseignements des rabbins présents à Etiolles, le grand rabbin Olivier Kaufmann, directeur du Séminaire rabbinique de France, qui analysa avec brio le thème : « Culture de la transmission sur un mode partenarial », le grand rabbin Haï Krief, rabbin de Vincennes, dont le dvar-torah du chabbat matin sur la sidra marqua les esprits, et rav Vicky H’aï Bellahsen, Directeur du département des communautés du Consistoire, qui, pendant la séouda chlichit du samedi, fit une communication remarquable sur le thème : « Torah et Science sur le concept de temps »

Sur les thèmes de la «Relance de la jeunesse», pendant le chabath, et « Comment orienter et former une nouvelle génération de dirigeants pour constituer la relève du leadership communautaire de demain ? » le dimanche matin, Tikvaténou fit l’illustration de sa vitalité et de sa créativité sous la direction de Jonathan Guedj, élu ACIP, en charge de la jeunesse, accompagné de Delphine Suissa, en charge de la formation des cadres du mouvement, tous deux accompagnés de Judith Darmon, Directrice du centre Edmond Fleg, de Sarah Tellouk, Secrétaire rapporteur de l’ACIP, et du rav Vicky Bellahsen. Le travail en ateliers suivi de mise en commun en séances plénières démontra toute l’étendue de leur savoir-faire pédagogique et managérial et de l’intérêt qu’ils surent susciter tant auprès du public des jeunes que des dirigeants communautaires adultes qui collaborèrent main dans la main pour mettre en place une plate-forme d’action pour l’organisation du Mah’ané d’été et la reprise de l’action jeunesse dès la rentrée communautaire de septembre 2022.

Le journaliste et essayiste, Richard Darmon, venu spécialement d’Israël pour l’occasion, traita deux sujets d’actualité suivis de longs débats et questions-réponses qui en dirent long sur l’intérêt des participants à ces questions sensibles. Le vendredi soir :  « La crise politique qui se prolonge en Israël a-t-elle une solution ? ». Le samedi soir : « L’invasion russe en Ukraine : vers un nouvel ordre mondial ou un chaos planétaire sur fond d’un Iran nucléarisé »

Ménahem Gourary, Directeur de la European Jewish Association et ancien Directeur de l’Agence Juive à Paris et en Belgique, accompagné du Dr Daniel Staetsky, sociologue, Directeur de recherche à l’Institut de Politique Juive à Londres, traitèrent ensemble du thème : « L’avenir des Juifs d’Europe et de France » sur la base d’une enquête extrêmement fouillée menée par ce dernier auprès d’un échantillon de 16 000 personnes issues de l’ensemble des communautés juives d’Europe, d’où il apparaissait qu’une partie non négligeable de ce panel a été l’objet d’actes ou de propos antisémites dont l’augmentation est clairement documentée. Ils évoquèrent également le combat mené par l’E.J.A. pour tenter de lutter contre les restrictions ou tentatives de restrictions de plusieurs pays européens à l’encontre de certaines pratiques du judaïsme comme l’abattage rituel ou la circoncision, et aussi contre les campagnes anti-israéliennes du BDS.

Julien Darmon, écrivain et éditeur, fit une communication passionnante à propos du livre d’Edith Bruder, « Juifs d’ailleurs », auquel il a lui-même contribué, qui évoque le phénomène de ces innombrables communautés juives ou judaïsantes éparpillées à travers le monde, notamment en Afrique et en Inde, qui ne répondent pas aux critères habituels qui régissent le clivage ancestral ashkénaze – séfarade, mais revendiquent haut et fort leur appartenance au peuple juif.

Chargée par le président Joël Mergui, d’une mission sur « la place des femmes dans la communauté », Claude Haïk, élue de l’ACIP, et ancienne présidente de communauté, exposa la réalité actuelle dans les synagogues, puis sa perception et ses espoirs quant aux progrès à accomplir pour permettre aux femmes d’apporter la contribution majeure qui pourrait être la leur dans l’organisation de la vie communautaire.

Après la havdala du samedi soir, les participants eurent droit à un magnifique mini-concert de chants traditionnels (pyoutim) déclamés en musique par Michel Alon, qui en tant que traiteur a assuré également la restauration du week-end. Puis les nombreux jeunes présents se réunirent autour du DJ Raphaël Cohen pour un karaoké marathon qui, pour certains d’entre eux, se poursuivit dans une ambiance survoltée jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Le bel amphithéâtre d’Etiolles accueillit les ateliers du dimanche matin :

Au chapitre« outils numériques et communication », Denis Ktorza, Directeur des Systèmes d’Information (DSI), fit une synthèse des nombreuses applications mises en place au Consistoire en faveur de la communication, de la gestion (ex. dons) et de l’évènementiel de l’institution et des communautés. Gershon Cohen, Trésorier de l’ACIP La Varenne, fit savoir à travers des exemples tout le profit que sa communauté a su tirer des outils mis en place par l’institution.

Dans le cadre de la « stratégie de communication », Marc Abensour, Directeur Général de l’ACIP, introduit les sujets : « Transformer notre image à l’aide des outils numériques » et « Comment transformer la qualité de l’accueil de l’institution et de ses communautés en instaurant une véritable Culture de services envers nos fidèles et nos usagers ». Fort de sa longue expérience communautaire, Philippe Meyer, Vice-président de l’ACIP, proposa son analyse pour enrichir les débats.

Deux autres nouveaux élus, Jordan Bailleul, et Joëlle Cernès, intervinrent sur le délicat sujet de la« gestion de crise »en recourant notamment à leur expertise professionnelle pour répondre à la question : «Comment rendre les communautés agiles et résilientes face aux difficultés »

Sur la relance des activités communautaires (après 2 années de pandémie) se succédèrent à la tribune Pascal Karsenti, vice-président de l’ACIP et responsable des communautés, ainsi que Dov Elbilia, élu de l’ACIP, et vice-président de la communauté de Vauquelin à Paris.

Elisabeth Steiner, vice-présidente de l’ACIP, ferma le ban des interventions pendant le déjeuner du dimanche midi en présentant la mission importante qui lui a été confiée au Consistoire dans le cadre du Pôle familial qu’elle dirige depuis plusieurs années, au centre duquel se trouve la question névralgique de la médiation conjugale mise en place pour tenter d’éviter les divorces ou simplement d’en atténuer les effets souvent ravageurs sur les couples en cours de séparation et leurs enfants.

Le président Joël Mergui clôtura le week-end par une synthèse des interventions et des débats inscrits au programme, en insistant sur les améliorations institutionnelles, notamment en matière d’accueil des publics, et sur les nombreux projets qui devraient résulter de ce Campus consistorial manifestement réussi à l’échéance de la prochaine rentrée communautaire.

Invités à répondre à un questionnaire-qualité mis en ligne le dimanche matin, les participants au week-end exprimèrent unanimement leur grande satisfaction d’avoir participé à ce grand moment de retrouvailles où l’ambiance joyeuse et conviviale, ainsi que les échanges interpersonnels informels contribuèrent tout autant à la réussite de cette rencontre que les séances de travail qui en constituent pourtant l’ossature programmatique.

On se quitta dans une atmosphère bon enfant et déjà nostalgique en se fixant mille rendez-vous et par une formule aux accents « hagadiques » familiers : « à l’année prochaine…. au Campus 2023 ».