Paracha Vayétsé, par le rabbin Michaël Azoulay

Qui est la mère d’un enfant née d’une mère porteuse ?


Question qui peut paraître étrange tant il semble évident à certains que c’est la femme du couple d’accueil, dans la mesure où, généralement, dans la gestation pour autrui, la mère porteuse porte l’enfant du couple mais ne contribue pas au niveau génétique à la conception de ce dernier, les embryons étant ceux des « parents intentionnels ».  Pourtant, dans la Halakha, la réponse à cette question est loin d’être évidente. De nombreux décisionnaires considèrent, par exemple, que la mère est toujours celle qui prend en charge le développement in utero de l’embryon, donc celle qui porte l’enfant et qui accouche.


Un passage de notre Paracha sert de preuve à cette opinion, preuve toutefois contestable et contestée car provenant du Midrach, et non de textes juridiques.


Il s’agit d’une preuve tirée du Targum de Yonathan ben ‘Ouziel, portant sur le verset 21 du chapitre 30 du livre de la Genèse.


Léa, à nouveau enceinte, avait déjà eu six fils, les deux servantes, Bilha et Zilpa étaient mères chacune de deux fils. Rachel n’étant toujours pas parvenue à enfanter, et Léa, prophétesse sachant que douze fils devaient contribuer à fonder les douze tribus, se dit que si l’enfant qu’elle portait était encore un garçon, Rachel ne pourrait même pas égaler les servantes puisqu’elle n’aurait qu’un fils le jour où elle enfanterait. Il fallait donc que Rachel ait au moins deux fils.


Soucieuse de la dignité de sa sœur cadette, selon le commentaire précité, L’Eternel entendit sa prière et échangea les embryons : Joseph fut transféré du ventre de Léa à celui de Rachel, et Dina du ventre de Rachel à celui de Léa. Rachel fut ainsi la mère porteuse de Léa, tandis que cette dernière fut la mère porteuse de Rachel. Rachel étant considérée par la suite comme la mère de Joseph, et Léa comme celle de Dina, nous pouvons en déduire que la mère gestatrice est bien la mère de l’enfant qu’elle porte et qu’elle met au monde.


Vous aurez constaté que ce commentaire pour le moins original, n’est pas très clair : y a t-il eu réellement permutation des embryons ? Ou modification des chromosomes et changement de sexes opérés in utero ?


Ce qui explique que les décisionnaires partisans de cette opinion qui veut que la femme qui porte l’enfant soit toujours la mère de ce dernier, s’appuient généralement sur d’autres preuves.