Patrimoine : un nouveau souffle grâce au Centre européen du judaïsme

Le Consistoire possède déjà le plus gros patrimoine juif de la diaspora. Mais les 5 000 m2 qui vont ouvrir fin 2017 dans le 17ème arrondissement de Paris pallieront des besoins criants et vont révolutionner le paysage communautaire.

Le Consistoire est le plus grand propriétaire de biens juifs de la diaspora. A Paris et dans sa région, les synagogues relèvent de la responsabilité directe de l’institution. En province, en revanche, chaque communauté est détentrice de son ou ses lieux de culte. Il n’empêche que le Consistoire central se sent moralement responsable de tous les sites, d’autant plus qu’il est prévu statutairement, partout dans l’Hexagone, qu’une synagogue abandonnée faute de fidèles « revient naturellement à l’institution », comme l’explique le directeur du Central. Quant aux rénovations, elles se font par l’entremise de la Fondation du patrimoine juif de France, liée organiquement au Consistoire. Elle récolte et répartit des dons indispensables. Lorsque la synagogue est classée au patrimoine des monuments historiques, l’Etat prend à sa charge une large partie des frais de restauration, mais c’est l’institution cultuelle qui négocie avec les autorités (notamment le ministère de la Culture) la nature et la qualité des travaux. Une fonction essentielle. Il arrive aussi qu’une synagogue non classée bénéficie du soutien financier de la municipalité. Ici encore, le Consistoire est l’interlocuteur incontournable du maire et de son équipe.


L’institution finance directement certains travaux, à hauteur d’un million d’euros par an en moyenne. Le rav Haï V. Bellahsen, directeur des communautés locales pour l’Ile-de-France, confesse que c’est insuffisant et espère que les donateurs se montreront assez généreux à l’avenir pour entretenir ce patrimoine exceptionnel. « Si nous sollicitons les fidèles, dit-il, c’est aussi parce que les normes de construction et de réhabilitation sont devenues très contraignantes. L’accessibilité obligatoire des locaux pour les personnes handicapées, par exemple, représente une lourde contrainte financière ».


La grande nouveauté sur le plan patrimonial est le futur Centre européen du judaïsme, dont l’inauguration est prévue fin 2017. 5 000 m2 : un projet ambitieux que certains jugent démesuré. Il n’en est rien : il coûtera 10 millions d’euros seulement, le prix d’une simple rénovation pour un bâtiment flambant neuf. La mairie a attribué gracieusement le terrain et les conditions des appels d’offres ont été drastiques. D’autre part, on compte désormais 30 000 Juifs environ dans le 17ème arrondissement et à proximité du Centre, du fait des migrations de nos coreligionnaires à l’intérieur de la région parisienne, pour… 2 000 places dans les synagogues existantes actuellement dans le secteur.


Le besoin est donc massif et criant sur le plan cultuel. Le Centre accueillera en outre l’ensemble des services consistoriaux recevant le public. Une belle initiative, les locaux vieillissants de la rue Saint-Georges étant inadaptés aux exigences de la communauté.


Le projet est activement soutenu par le Congrès juif européen et son président, Moshé Kantor. Ce sera en effet un lieu culturel et de rencontres pour les jeunes Parisiens, mais aussi pour l’ensemble des Juifs du Vieux Continent, qui pourront y organiser des conférences, colloques, congrès… dans un espace ultra-moderne, à l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis.