Place des Vosges : Conférences de Me G. Goldnadel, J. Szlamowicz et J. Tarnéro

Rendez-vous Vosges

Synagogue Place des Vosges, le 6 juin 2012.

Rencontre de ré-information en réponse au livre de Stéphane Hessel.


Les participants : Maître Gilles-William Goldnadel (« Le vieil homme m’indigne », les postures et impostures de Stéphane Hessel), et le Professeur Jean Szlamowicz (« Détrompez-vous, les étranges indignations de Stéphane Hessel décryptées).


Nous avons assisté à une réfutation point par point du livre de S.Hessel, nos deux auteurs-invités se répondant et se complétant, débat dirigé par Armand Berneman en tant que modérateur, aussi discret qu’efficace car très bien informé.vosges 1

En voici quelques points-clés :

S.Hessel se présente très habilement en Juif, ancien résistant (…), vieillard donc respectable, intellectuel de gauche donc « crédible » quant à son discours contre Israël.

Il ne choisit pas son camp, mais choisit l’adversaire : admirable, car on l’espère, on l’attend.

Il se dit « déporté », non : il fut un tout petit résistant. Ne pas confondre avec Jean Moulin, même s’il a été tout de même dans le « bon camp ».

Regardons son parcours : il a d’abord surfé sur le mouvement des sans-papiers, n’étant pas au départ antisioniste, même pas précurseur de l’antisionisme. Il fut simplement opportuniste, car ce discours existait déjà.

Résistant ? Son discours laisse à entendre que par voie de conséquence, les résistants étaient d’accord avec lui.

Sa force : il parle non au cerveau, mais « aux tripes », il manie l’émotion.

« Gaza, seule source d’indignation » : ce thème a passé, au-delà de toute espérance, car toutes les argumentations ne valent rien au regard de la description d’une « pauvre palestinienne maltraitée ».

Son succès : utiliser les malheurs du temps que nous connaissons, avec une utilisation démesurée du pathos.


Notre seule réponse à cela : rappeler la réalité des faits.

Les thèses de S.Hessel sont – ô combien – utilisées par le mouvement BDS (Boycott / Désinvestissement / Sanctions). En effet : l’israélien est vécu comme étant exactement le contraire du « Juif adoré », celui en pyjama rayé, victime, ne portant pas les armes. Or l’israélien porte un uniforme, il se défend, il veut préserver ses frontières, parfois il peut aller jusqu’à tuer : l’exact contraire du « Juif adoré ».

Sa phraséologie est convenue : dans les clichés irrationnels il évite les faits, rapporte des récits qui véhiculent des représentations anti-israéliennes.

Utilisation du pathos, et façon « douce » de parler (sauf quand on vient à le contredire !).

Parmi les Juifs qu’il admire : les israéliens d’origine allemande qui ont quitté Israël pour aller en Allemagne « retrouver la joie de vivre » (dixit S.Hessel) … Noter qu’il est lui-même issu de banquiers prussiens antisémites.

Son hyperbole monstrueuse : « comparer l’occupation israélienne à l’occupation nazie » devient une réflexion anodine ! Cela revient à nazifier Israël tout en prétendant l’aimer…

Noter les mensonges sur le rapport Goldstone qu’il vante en n’oubliant pas de parler de la judéité de Goldstone, et en oubliant que Goldstone a par la suite fait son mea culpa dans le Washington Post, indiquant qu’il avait été mal informé, et qu’Israël n’a pas eu de politique ciblant intentionnellement les civils : ce que S.Hessel oublie, évidemment.


Juridisme: il utilise beaucoup les références au droit international (qu’il ne pratique pas lorsqu’il parle des ennemis d’Israël), et à l’ONU.

L’argument du droit passe très bien : « je le connais, vous ne le connaissez pas ».

Ceci n’est pas l’invention du seul S.Hessel, s’agissant des mêmes notions du Droit et des Droits de l’Homme, s’agissant d’Israël ou de ses voisins.


Important : il n’est pas efficace d’être seulement anti-israélien mais aussi anti-occidental, en effet : à la nazification d’Israël soutenue par de nombreux média, S.Hessel a participé, les racismes anti-blanc et anti-israélien se rejoignant.

Après diverses questions du public, intervention du Rabbin Olivier Kaufmann.

Il a entre autres commenté dans le titre du livre de G.W. Goldnadel, l’expression le vieil homme. En effet, un vieil homme (« zaken » dans la tradition juive), est une personne intouchable que nous respectons.

Or il vient à l’esprit le parallèle avec le patriarche Abraham : celui-ci ne se mettait pas « en avant » quand on l’interrogeait, il disait « venez dans la tente ». Il s’effaçait, car la sagesse est de ne pas vouloir être seul sur le devant de la scène. Mais celui dont nous parlons, Stéphane Hessel, veut être honoré, nous sommes donc loin du recul et de la retenue d’Abraham.


Les intervenants se sont demandé pourquoi le livre d’Hessel a eu un tel succès dans les médias.
La raison de ce succès tient essentiellement à deux éléments:
-Le fait que dans les écoles de journalisme, les enseignants et les élèves votent à 100% pour les idées de « gauche » avec comme corollaire un soutien inconditionnel à la cause palestinienne.
-l’absence d’esprit critique, dû à une déliquescence de l’enseignement de l’Histoire et même d’autres sciences humaines depuis des décennies dans le secondaire.

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Soirée au cours de laquelle le public fut attentif et réactif. De nombreuses questions très précises furent posées, entre autres l’intervention passionnée d’un invité-surprise. L’alternance des argumentations des deux auteurs, et la maîtrise du modérateur Armand Berneman, ont laissé une forte impression. D’ailleurs nombreuses sont les personnes qui ont voulu se procurer leurs livres, pour elles-mêmes ou pour les offrir.

Sarah Wojakowski.

Synagogue Place des Vosges, le 13 juin 2013 (compte rendu : Sarah Wojakowski)

Exposé par Jacques Tarnéro de son ouvrage « Le nom de trop, Israël illégitime ? »,

Dédié à tous ceux qu’Israël empêche de dormir, … et aux autres.

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Le modérateur, Clément Weill-Raynal, nous a tout d’abord présenté J.Tarnéro, auteur de nombreux ouvrages ou films, dont « Autopsie d’un mensonge, le négationnisme » (2000), et « Décryptage » (2003).

Clément W.R. a aussitôt abordé le thème de ce livre de J.Tarnéro :

– Le nom de trop, Israël illégitime ? Expliquez-nous cela.

L’entrée en matière de J.Tarnéro expose ce fait du « nom de trop » en partant d’actualité immédiate dont on n’a pratiquement pas parlé en France. Par exemple :

L’écrivain algérien Bouanem Sansal est l’auteur du livre admirable « Le village de l’Allemand », pour lequel il a reçu un Prix littéraire à Frankfort.

Or Bouanem Sansal à la suite de cet ouvrage admirable et courageux, a été invité d’honneur à Jérusalem. La presse algérienne a dénoncé ce livre, et l’attitude de l’auteur.

Le Hamas l’a condamné à mort.

Et dans la presse française : rien !

Et voilà : Bouanem Sansal nomme le Juif. Cela ne lui sera pas pardonné.

Notons qu’une semaine après les meurtres de Toulouse, lorsque « le Nom de trop » – Juif ou Israël – est prononcé, il provoque le silence. « Le Nom de trop » est un objet insaisissable dont on refuse d’assumer le sens.

Que se passe-t-il en France ? Le boycott ne porte pas seulement sur des objets, des produits, mais aussi sur le nom d’Israël.

En 1945 la compassion est de mise, car les Juifs sont des victimes absolues.

En 1948 : toutes les nations approuvent la démarche des Juifs pour la création d’un Etat d’Israël. Tous, sauf les états arabes.

Mais lors de cette période, le Juif vaincu et humilié devient le Juif vainqueur et conquérant…

En novembre 1967, lors d’une  conférence de presse, de Gaulle nous définit comme « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».

A noter qu’en 1967, la guerre contre Israël est menée par des états arabes, pas par des palestiniens.

Et subtilement, le palestinien devient à travers divers épisodes, un héros, un résistant.

Le summum est atteint en 1982 lors de la 1ère guerre du Liban : le journal « Témoignage chrétien » fit un parallèle entre les palestiniens dans Beyrouth, et les Juifs dans le Ghetto de Varsovie.

En 1982 il y a comme une « bouffée délirante », de réglements de comptes. La suite se joue alors : la presse rapproche la photo de Mohamed Al Dura, de la photo du petit enfant Juif dans le ghetto de Varsovie.

On laisse entendre aux Juifs et à Israël : vous faîtes aux Palestiniens ce que nous vous avons fait subir. Et : vous, Juifs israéliens, faîtes aux Palestiniens ce que nous avons fait aux algériens.

L’ouvrage « Le Nom de trop » n’a fait l’objet d’aucune critique (sauf dans les journaux et radios juifs). Rien, boycott total !

Jacques Tarnéro aurait préféré des débats contradictoires : il aurait eu le loisir de répondre. Cela en dit long sur l’état de la démocratie et l’état de la politique en France.

Clément W.R. :

– pourquoi ce conflit (israélo-palestinien) rend-il fou ici, en France, plus qu’en Israël ? Le traitement de ce conflit révèle des failles dans la société française ?

J.Tarnéro :

– ce peuple a repris sa terre.

Il y a eu des millions de personnes déplacées (Inde/Pakistan, Pologne/Russie, etc).

Ce tout petit état empêche de dormir : une obsession de l’Atlantique à l’Océan Indien.

On a longtemps cru en des causes politiques : si Israël n’existait pas, bien des gens dans le monde seraient malheureux, puisqu’ils perdraient leur objet politique de détestation.

L’ « erreur » en 1948 fut la création de l’état d’Israël. Car la fonction d’Israël est perturbatrice, c’est une question pour le monde.

On refuse de l’écouter, l’unicité de l’histoire de ce pays lui est refusée.

Dans le monde arabo-musulman, les deux points-clés sont le statut de la femme, et le rejet de tous les malheurs sur Israël.

Or le politiquement correct refuse de se poser la question : pourquoi la démonisation d’Israël aujourd’hui ?

Pourquoi pas plus de sens critique dans notre pays de Voltaire, à propos d’Israël ?

Cela reviendrait à se poser la question de la culpabilité dans la Shoah, telle qu’on n’ose affronter LA question : comment un peuple européen cultivé, savant, artiste, le peuple allemand, a-t-il pu en venir là ?

Il faut voir qu’en Europe les Etats-Nations ont tendance à se dissoudre, alors qu’Israël est fait d’un état, une nation, une religion, une culture. Deux mouvements inverses.

D’autre part : Israël est un questionnement pour les autres monothéismes

Clément W.R. :

– votre pronostic pour les années à venir ?

J.Tarnéro :

Il y a eu en 2006 l’assassinat d’Ilan Halimi, et en 2012 les meurtres par Mérah, puis à Villeurbanne des jeunes juifs attaqués à coups de marteau.

J’insiste : aujourd’hui suffiraient des paroles prononcées par des politiques et des intellectuels, disant : « ce qui menace Israël menace toute la sphère occidentale, et ce qui menace les Juifs nous menace tous ».

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Question du public :

Sur quoi s’appuyer pour reconstruire, afin de lutter contre le déni absolu des réalités?

J.Tarnéro :

Il faut constater les violences socio-ethniques, les banlieues misérables. Cependant l’intégration se fait, mais la ghettoïsation présente empêche l’amélioration des choses.

Les faits doivent être dits clairement : c’est la condition pour reconstruire.

Parfois des paroles courageuses sont dites : Caroline Fourest a parlé d’un parti fasciste religieux, ce que presque personne n’ose dire.

Il ne faut pas laisser à la seule Marine Le Pen le soin de dire les choses !

A noter : en Israël les arabes israéliens ont accès à une presse et des télévisions, en hébreu et en arabe. Ils sont de mieux en mieux informés, et pour eux, Israël représente les progrès techniques, les inventions.

Important : la création de l’état d’Israël est un mouvement d’émancipation d’un peuple qui auparavant ne vivait pas majoritairement sur cette terre. Il venait d’Europe vers une terre qui « n’était pas la sienne » : ceci est la négation absolue du fait qu’il y a toujours eu une population juive sur cette terre, cela revient à ne rien connaître à l’histoire.

Avant les années 1970, tout le monde a applaudi à ce mouvement sioniste d’émancipation.

Et parler d’une Palestine de toujours est un mensonge face à l’histoire.

Notre Rabbin Olivier Kaufmann :

J’ai été sensible à cette question du NOM, qui nous renvoie à Adam : celui-ci va tout nommer, cependant il a du mal à nommer la femme, il dit Isha, il a du mal à prononcer ’Hava (« la vie »).

Il y a d’autre part un problème de religion : pensons à la maman d’un des jeunes, arrêtés après le drame de Toulouse. Elle est d’une sincérité absolue, et dit : « mon fils a été encadré par un gourou ».

Il faut un dialogue, comme nous en avons un avec les amitiés judéo-chrétiennes.

Le peuple juif est celui du  questionnement. Il faut répondre aux clichés (« je ne savais pas qu’il y a des Juifs pauvres » ou : « le Juif errant : était-il puni parce qu’il avait pêché »).

Le reconstruction passe par ce que nous allons faire d’Israël.

A travers la résurrection, nous avons la langue d’un peuple, la langue biblique.

Ce n’est pas seulement Israël qui est « difficile » à prononcer, mais aussi le mot « Juif ».

L’état d’Israël doit être un moyen d’accélérer le cours de l’histoire, d’apporter une réflexion pour l’humanité tout entière.

Et redisons : « l’an prochain à Jérusalem reconstruite ».

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