Parfum
de tichri
Nombre
de traditions et de symboliques juives rappellent combien le judaïsme
a toujours prôné l’ouverture et le respect
de tous les juifs, y compris de ceux qui y restent si peu que
ce soit attachés.
On
sait par exemple que la solennité de Kippour ne peut débuter
qu’après le rappel que la prière doit accueillir
aussi les juifs les plus éloignés du judaïsme,
ceux qui ne pratiquent pas et que l’on appelle parfois juifs
de Kippour.
Par
ailleurs, chacun connaît la signification symbolique attribuée
aux quatre espèces que nous utiliserons, à la synagogue,
à Soukot (loulav, etrog, arava, hadas). Cela va du fruit
le plus parfumé à celui qui ne dégage pas
la moindre odeur et cela représente, rassemblées
et unies indissolublement, les différentes catégories
de juifs, du plus engagé à celui qui l’est
le moins. Et l’on ajoute qu’il suffit qu’une
seule catégorie manque dans le bouquet pour que le rituel
soit considéré comme nul.
On
se souvient également que pour réaliser l’encens
indispensable jadis au service du Temple à Jérusalem,
11 parfums étaient nécessaires dont l’un indissociable
avait une senteur plutôt discordante.
Enfin,
la traditionnelle veillée du Seder de Pessah réunit
les 4 enfants dont celui qui est dénommé le racha,
tient un rôle de révolté.
A
travers ces différents exemples - fondamentaux dans notre
tradition - on observe que ceux de nos frères qui sont
les plus lointains sont constamment associés à la
réussite de la prière, du rite religieux, de la
fête et singulièrement de la transmission.
C’est
là, à mon sens, la plus belle leçon d’unité
qui nous est enseignée.
Cependant,
dans tous ces exemples, l’unité de lieu apparaît
comme essentielle : prier dans la même synagogue à
Kippour avec un rabbin garant de nos traditions ou être
réunis dans la même maison au Seder en mangeant cacher
aux côtés du sage.
Dans
un cas comme dans l’autre, malgré les clivages et
les différences de sensibilités, le contact est
maintenu entre les uns et les autres. Un des textes du rituel
de kippour insiste justement sur le fait que tant que subsiste
un lien au judaïsme, fût-il le plus fragile, l’espérance
est permise.
Le
véritable problème est posé par celui qui
s’écarte volontairement ou inconsciemment, celui
qui ne côtoie plus l’érudit, le pratiquant
ou le sage. Soit parce qu’il a voulu créer un autre
système de valeurs, soit encore parce qu’il s’est
détaché de sa communauté d’origine.
J’ai
une profonde conscience de ce que notre tradition ne s’est
jamais trompée : quel que soit le degré d’engagement
d’un juif, dès lors qu’il demeure en contact
avec la rigueur et le savoir, son avenir juif et l’avenir
juif de ses enfants est possible.
Le
défi que nous devons les uns et les autres relever aujourd’hui
– et qui est celui de notre génération - n’est
il pas d’atteindre ceux des nôtres qui, volontairement
ou pas, se sont éloignés des lieux de transmission
du judaïsme ?
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Joël
MERGUI |
Paru
dans le journal Actualité Juive du 21 septembre 2010 |
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