LA REPRESENTATION DES JUIFS

A TRAVERS LE CONSISTOIRE

 

 

Un modèle unique et original appelé Consistoire


Tout d’abord quelques éléments d’histoire pour replacer la synagogue au milieu du Pletzl, du Shtetl ou du Mellah’, car 210 ans après sa création on a trop tendance à ignorer ou à oublier le caractère très particulier du Consistoire qui en fait un modèle tout à fait original et même unique parmi l’ensemble des institutions juives à travers le monde, lesquelles, de Jérusalem à Caracas, de Sydney à Los Angeles, de Londres à Moscou, ne manquent aucune occasion de citer notre institution en exemple lorsque l’unité du judaïsme local se trouve menacée.

De par son omniprésence à toutes les étapes de la vie juive, sa pérennité dans le paysage communautaire et la multiplicité de ses domaines d’intervention, on aurait tendance à croire que le Consistoire a toujours existé, comme s’il « faisait partie des meubles » de l’habitat juif de France.

En fait, le Consistoire est une invention typiquement française qui, dans l’esprit post révolutionnaire du premier Empire, s’inscrit dans le prolongement des Droits de l’Homme et de l’émancipation des Juifs. Napoléon 1er en fait l’interface officielle entre la judaïcité de France et l’Etat, statut qui, en matière de culte, prévaut depuis plus de deux siècles, notre institution restant jusqu’à ce jour l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics.

« L’avenir appartient à ceux qui auront la mémoire la plus longue », aimait à rappeler le Ba’al Chem Tov. On ne comprendra donc rien à la spécificité du judaïsme français, à sa richesse intrinsèque et à son apport à la nation si on ne se souvient que le Consistoire a été au fil du temps à la fois le creuset de l’expression religieuse des Juifs de vieille souche implantés en France depuis de nombreux siècles, et tout à la fois le catalyseur de l’intégration communautaire des vagues d’immigration qui se sont succédé aux 19ème et 20ème siècle, mais aussi à chaque époque, avec une capacité d’adaptation sans égale, le défenseur de toutes les causes du judaïsme.

 

 

Le collectif comme réponse à la fragmentation du fait juif


A l’inverse de ce qui s’est produit, hélas, dans la plupart des communautés juives à travers le monde, où la représentation juive s’est fragmentée en de multiples congrégations, le Consistoire a institué en France un judaïsme du consensus où se retrouve, sous la bannière de la doctrine du « juste milieu » chère à Maïmonide, la grande majorité des membres de notre communauté. Et loin de constituer un obstacle à l’expression de la diversité juive, inhérente à notre peuple, la force de l’unité consistoriale consiste justement à s’enrichir de la multiplicité des sensibilités et des courants qui s’expriment dans ses rangs pour leur insuffler à son tour un nouvel élan dans un mouvement d’aller et retour contributif perpétuel.

Au vu de certaines formes de repli qui apparaissent aujourd’hui, ici ou là, dans les marges de notre communauté, il semble qu’on ait oublié que le Consistoire, pendant une très longue période, regroupait dans ses instances, en une symbiose parfaite et dans le respect de sa doctrine religieuse, un large spectre des courants du judaïsme français.

Certes les choses ont quelque peu changé depuis l’époque « israélite ». Aujourd’hui certains particularismes communautaires, parfaitement respectables, cherchent une légitimité dans les marques de la différenciation et les attributs de « l'institution ». Mais faut-il rappeler qu’il est tellement plus commode de s’incarner à peu de frais dans le séparatisme du « moi je » que dans l’unité du « tous ensemble », certes laborieuse, composite, délibérative, sujette à la controverse et à la critique, mais condition essentielle du COLLECTIF authentique… et démocratique ?

Le COLLECTIF consistorial s’exprime d’abord, et avec une constance historique sans faille, dans le caractère fédérateur d’une institution faitière à laquelle des centaines de communautés à travers la France adhèrent de façon volontaire et participative.

L’esprit COLLECTIF et solidaire permet aussi à notre institution de continuer à jouer pleinement son rôle de bâtisseur, soit en tant que maître d’œuvre direct de nouvelles structures communautaires (Courbevoie, Paris 16ème, Paris 17ème, Grenoble…), d’agrandissement, de réfection, de réparation et de mise aux normes à grande échelle, soit en tant qu’incitateur, facilitateur, accompagnateur de projets, s’inscrivant ainsi pleinement dans la longue et glorieuse tradition des fameux « Chantiers du Consistoire » qui, déjà dans les années 60, permirent l’accueil et l’intégration de l’ensemble des Juifs d’Afrique du Nord.

 

Le COLLECTIF c’est également une dynamique de services qui ne se contentent pas de satisfaire les exigences particulières de quelques petites minorités plus ou moins rigoristes, mais réussit le tour de force de répondre aux besoins du plus grand nombre tout en s’astreignant au standard de qualité le plus élevé, à l’exemple de la cacherout consistoriale, adoubée par les autorités rabbiniques du monde entier, de ses Talmudé-Torah et de son E-Learning dont les méthodes didactiques et les ouvrages scolaires, élaborés méticuleusement et patiemment par des équipes d’éducateurs, et régulièrement mis à jour, fournissent à des centaines de communautés les outils pédagogiques indispensables à une instruction religieuse qui a largement fait ses preuves.

L’esprit COLLECTIF ce sont ces centaines de synagogues à travers la France qui accueillent avec joie et aménité tous les types de fidèles, quels que soient leurs convictions et leur degré de pratique religieuse, leur ouvrent bien large les portes de la ferveur commune ou de la foi individuelle, leur donnent pleinement le sentiment d’appartenance au peuple juif sans autre engagement préalable que celui de respecter les règles halakhiques en vigueur pendant la durée d’un service religieux.

Le sens du COLLECTIF c’est de se sentir investi de la charge de représenter le judaïsme auprès des élus et autres interlocuteurs de la nation avec toute la dignité et l’esprit civique d’un peuple rompu au respect et à la loyauté dus envers l’autorité des gouvernants. C’est aussi la nécessité d’aller au-devant des élus pour les sensibiliser aux soucis et enjeux de la communauté, susciter des réactions et marques d’attention, par exemple pour défendre certains aspects fondamentaux de la pratique du judaïsme de plus en plus menacés en Europe, tels que l’abattage rituel, et même la brith-mila.

 

De même c’est de la dimension COLLECTIVE que relève la flamme de la mémoire de la Shoah qui brûle au cœur de la vocation du Consistoire. Faisant partie des porte-voix des victimes qui se sont tues, à travers nos centaines de cérémonies annuelles, prières et plaques commémoratives, notre institution a beaucoup œuvré pour mener à bien la ritualisation des grands moments du calendrier du souvenir. A cet égard, comment ne pas saluer de nouveau l’extraordinaire « Kiddouch Hachem » (sanctification du Nom) accompli par la grande Simone Veil zl., survivante d’Auschwitz, qui, par la force de sa renommée, a fait rejaillir l’aura grandiose que lui a conférée l’hommage unanime de la nation sur les âmes de ses codétenus des camps de la mort !

 

Le COLLECTIF c’est aussi une éthique de la responsabilité qui conduit les instances du Consistoire à toujours donner la préséance à l’intérêt général sur les considérations particulières ou partisanes, à privilégier les visées à long terme qui tirent nos ambitions vers le haut, plutôt que de prêter le flanc à la frilosité des objections de courte vue et des critiques en rase-motte synonymes d’immobilisme, voire de régression. C’est cette vision panoramique et à longue portée qui a conduit le Consistoire à braver nombre de réticences, sans parler de certains quolibets, pour faire le choix de se lancer dans « le chantier des chantiers », celui du Centre Européen du Judaïsme.

 

Un nouveau défi : « l’aliya interne »


A la suite de la vague d’émigration et d’aliya qui a créé le doute sur la capacité des Juifs de France à opérer la résilience nécessaire et à se projeter dans l’avenir après la succession d’attentats qui ont ensanglanté la France et éprouvé cruellement la communauté juive, il fallait trouver quelques nouveaux défis à la mesure du combat qu’il nous fallait mener contre le scepticisme et le découragement ambiants.

Au niveau humain, ce fut le combat de « l'aliya interne » consistant à aller au-devant de toute une frange de la population juive peu sensible aux différentes facettes de l’identité juive d’aujourd’hui : religieuse, culturelle, sioniste… Après quelques années d’efforts incessants dans l’ensemble de nos communautés, les premiers résultats sont là, certes insuffisants mais palpables : de nombreux « Juifs de la marge » manifestent ici et là un regain d’intérêt pour leurs coreligionnaires et leurs valeurs ancestrales. On nous signale en maints endroits de nouveaux fidèles, de nouveaux volontaires.

 

Rénover et renouveler le patrimoine pour faire répondre aux nouveaux besoins


Au niveau patrimonial l’action prend une tournure encore plus tangible : tout comme la synagogue consistoriale de Nazareth fut en 1852 le 1er grand pôle communautaire du judaïsme parisien, puis celle de la Victoire qui en prit le relai en 1874, le C.E.J. vient incarner une nouvelle époque et un nouveau pôle de vie juive.  Son concept s’est imposé à nous, non pas évidemment comme la solution à tous nos maux actuels, mais plutôt comme la réponse à un besoin réel d’équipement communautaire multifonctionnel et de haut standing résultant d’un mouvement migratoire de grande envergure vers l’Ouest parisien, à une nécessité de modernisation de la structure centrale du Consistoire, de mise en valeur de son activité multiforme et de son image dans l’ère de la communication et de la révolution numérique. Nous en espérons également un effet de « locomotive » pour entraîner dans son sillage l’ensemble des structures de la constellation consistoriale, et y voyons enfin l’emblème d’une forte potentialité de renouveau spirituel et culturel à l’échelle du judaïsme hexagonal et européen.


 
     
 
 
     
 
 
     
 
 
 
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